Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur incorrigible…

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Apprendre de ses erreurs professent les raisonnables… Il y a certes ceux qui s’amendent et il y a les autres, qui persistent et signent… Mona Sahlin fait partie de la deuxième catégorie, mais qui tel un culbuto se relève toujours !

Qui est Mona Sahlin ? Une femme politique suédoise surtout connue pour certaines « affaires » qui ont émaillé son parcours et fait les choux gras de la presse. Inventaire du sac à dos d’une des femmes les plus controversées de la gauche en Suède.

À 25 ans, en 1982, elle devient la plus jeune députée de Suède. Très vite, elle s’impose comme la nouvelle coqueluche des Sociaux-démocrates. N’explique-t-elle pas clairement ce qui parait abscons pour bon nombre ? Cette propension à s’exprimer simplement (pour ne rien dire !) sera sa marque de fabrique qui va la propulser de manière fulgurante vers les hautes sphères du pouvoir. En 1990, elle est nommée ministre du Travail dans le gouvernement d’Ingvar Carlsson. En 1991 les Sociaux-démocrates perdent les élections, Mona Sahlin décroche le poste de secrétaire du parti social-démocrate. La rose en devient le symbole.

1994, retour aux affaires comme ministre à l’Égalité des chances et vice premier ministre. Pressentie comme dauphine d’Ingvar Carlsson qui veut se mettre en retrait de la politique, Mona Sahlin est la candidate naturelle de la social-démocratie pour la prochaine mandature parlementaire. C’était certainement sans compter sur les caciques du parti qui, premièrement, ne voulaient pas d’une femme, et deuxio, surtout pas de Mona Sahlin qui était considérée comme laxiste, brouillon, inculte, limite j’m’enfoutiste et par trop opportuniste…

Lors de l'affaire Tblerone

Lors de l’affaire Toblerone

L’affaire du Toblerone mettra définitivement un terme à ses ambitions de premier ministrable. On a beaucoup gaussé sur cette tablette de chocolat qui a fait trébucher Mona. En réalité, entre 1990 et 1991, la ministre du Travail avait confondu à de nombreuses reprises sa carte de crédit de fonction avec sa propre carte bancaire. Ce sont quelque 5 000 euros que la ministre avait réglé avec cette carte providentielle (frais de garderie au black pour ses enfants, 98 tickets de parking impayés, location de voitures, redevance télé impayée, et… deux Toblerone). Après une conférence de presse improvisée où explications oiseuses et embrouillées succédaient à des sanglots longs étouffés, la ministre annonce qu’elle va commencer par s’octroyer un « temps mort », comme au hockey (time-out). Ça ne suffira pas. Elle rend son tablier quelques semaines après. Adieu les ambitions  de succéder à Ingvar Carlsson, c’est à Göran Persson que sera confié cette tâche. Mona Sahlin, pour se remettre de ses émotions, part avec sa famille pendant quatre semaines à l’île Maurice aux frais du contribuable. Nouveau scandale dont elle se relèvera. Une enquête interne sur sa conduite quelque peu désinvolte vis-à-vis de son économie privée se conclura par un non-lieu. Ben voyons !

Elle se retire de la vie publique et trouve le temps de commettre un livre pour expliquer sa désinvolture et de monter une petite entreprise qui fera faillite au bout d’un an ! Dans l’intervalle, elle avait lancé à la presse, qu’elle «  adorait payer des impôts ! »

Et voilà qu’en 1998 on voit réapparaître le phénomène. Göran Persson la nomme ministre du Travail au sein d’un grand ministère de la vie économique, de l’énergie et des communications. Un comble, elle est chargée entres autres, des petites entreprises (elle qui vient de faire faillite !). Pas rancunier les politiques suédois ! Et elle poursuit sa carrière de ministre en occupant plusieurs postes (intégration, égalité, environnement et aménagement du territoire), sans briller, mais toujours là. Göran Persson, se laissant un jour aller à la confidence, dira d’elle que «  ce n’est une flèche ! ».

Flèche ou pas, elle lui succède à la tête du parti social-démocrate en 2007. Malheureusement pour elle, elle n’arrive pas à remporter les élections. Étant donné que c’était implicitement le contrat à remplir pour se maintenir à la tête de l’appareil social-démocrate, elle est contrainte de démissionner en 2011. Le culbuto n’est cependant pas à terre !

En 2014, le gouvernement de Fredrik Reinfeldt (Modérés) la nomme coordinateur national de prévention de l’extrémisme violent (encore un titre au forceps). Un de ces machins dont on a du mal à entrevoir les implications, mais surtout les résultats. Beaucoup d’intentions, peu de réalisations. Et là encore, Mona Sahlin va réussir à faire des siennes.

Seule contre les caciques du parti

Seule contre les caciques du parti

Elle a fait un faux pour un de ses collaborateurs, son garde du corps, qui voulait acquérir un appartement et qui, visiblement, ne gagnait pas assez pour y prétendre. Elle a donc rédigé un bulletin de salaire où il apparaissait que l’employé gagnait 12 000 euros au lieu des 4 000 qu’il touchait. Là aussi, explications emberlificotées sur fond de sourire de confiance entendu. Deux jours après la révélation, Mona Sahlin démissionnait (tout comme le garde du corps), alors que son mandat se terminait le 15 juin prochain. On apprenait dans le sillage de cette nouvelle affaire qu’elle n’était pas une inconnue d’une agence de recouvrement (Kronofogden) qui lui réclame 20 000 euros d’impayés (avec ses émoluments, on peut se demander ce qu’elle fait de son oseille ?!?). Sacré Mona, un vrai panier percé ! À 60 ans, elle n’apprendra jamais ! Faux et usage de faux, c’est ce que la justice retiendra. Dans quelle position va désormais se retrouver le culbuto ? Le fin mot de l’histoire n’est sans doute pas encore écrit pour le phénix !

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