Les va-t’en-guerre donnent du canon en Suède.  Les militaires, on pourrait à la rigueur comprendre, c’est leur gagne-pain, mais qu’une bonne partie de la classe politique leur emboîte le pas, interpelle. Des prises de position guerrière qui font en tout cas débat.

C’est suite à un séminaire sur la défense nationale suédoise qui se tient tous les ans dans la petite station de sports d’hiver de Sälen, en Dalécarlie, et après que les participants aient fait connaitre leurs inquiétudes quant à la possibilité d’une agression armée contre la Suède que la déferlante anxiogène de la guerre s’est abattue sur le royaume. Au crédit des oiseaux de mauvais augure, la guerre en Ukraine, la Suède pas encore tout à fait dans l’OTAN et une situation géopolitique mondiale plus qu’incertaine. Mais de là à appeler la population à se préparer à la guerre, il y a de la marge !

Les Suédois, peuple pragmatique s’il en est, se sont alors littéralement rués dans les magasins pour faire des réserves : conserves, pâtes, riz, radios portatives, piles, réchauds de toute sorte, etc., etc.. Pas de panique !

Mais quel est l’intérêt de faire peur aux gens ? Que les militaires noircissent le tableau et veuillent plus d’argent pour acquérir de l’armement neuf et plus performant, soit ! Le budget de la défense est aujourd’hui substantiellement très palpable et le sera encore plus à terme. Mais que la droite au pouvoir s’engouffre dans ce créneau en allant jusqu’à invoquer l’éventuelle loyauté des naturalisés suédois en cas de conflit, il n’y avait qu’un pas que la droite extrême n’a pas hésité à faire franchir à la coalition de centre-droit qu’elle cornaque en sous-main !

La guerre, la guerre !, sur l’air des lampions, ça tourne à l’obsession sous les crânes de certains… Faut-il rappeler que la Suède a été épargnée des affres de la guerre depuis plus de 200 ans. La « petite » dernière remonte à 1814 lors de la campagne contre la Norvège… 19 jours et quelque 400 morts et blessés côté suédois ! Aux armes, citoyens !

Depuis toujours, « l’ours » russe est la bête noire des Suédois, si l’on ose dire. C’est vrai qu’il n’hiberne pas loin. L’exclave de Kaliningrad n’est qu’à environ 300 km à vol d’oiseau de la Suède, largement à la portée de missiles et autres drones. Il faut certes être vigilant, mais de là à colporter régulièrement une défiance farouche vis-à-vis des Russes finit par relever d’une phobie destructrice que certains sûrement bien intentionnés se complaisent à entretenir.