Il s’en passe des choses dans le royaume de Suède à ce retour de vacances 2023. Entre les festivités des 50 ans de règne de Charles XVI Gustave, la guerre des gangs, l’inflation, la rentrée parlementaire et le reste, la Suède est servie !

50 ans sur le trône exigent une certaine constance du devoir, d’autant que l’actuel monarque n’a pas choisi d’y être assis. Héritier du royaume à la disparition de son grand-père, Gustave VI Adolphe, le jeune adulte alors, bien qu’il y fût préparé dès son plus jeune âge (il perd son père, Gustave Adolphe, à neuf mois), devient Carl XVI Gustaf. Et la saga de la maison Bernadotte peut se poursuivre. Il se marie avec une roturière allemande, Silvia Sommerlath. Il aura trois enfants, la princesse héritière Victoria, le prince Carl Philip et la princesse Madeleine et une flopée de petits enfants. La succession est largement assurée ! Le monarque, d’abord aimable sans grand charisme, a quelque peu défrayé la chronique au moment de la sortie d’un livre en 2010, Den Motvillige Monarken (Souverain malgré lui), qui révélait quelques écarts conjugaux et autres frasques privées. Ses sujets ne lui en ont jamais tenu rigueur. Le souverain n’est pas sur un siège éjectable dans un royaume qui porte au pinacle ses têtes couronnées. Paradoxe de la démocratie, quand tu nous tiens !

Au chapitre de la guerre des gangs, les chiffres impressionnent. 391 fusillades faisant 62 morts en 2022 ! Ajoutez à cela 90 explosions et 101 attaques à l’explosif. Fin août 2023, on avait déjà dépassé ce score ! Trafic d’armes, de stupéfiants, contrôle de territoires, règlements de comptes en tout genre… les causes sont connues et les morts de plus en plus jeunes. Le plus jeune avait 13 ans ! Une violence que n’arrive pas à endiguer la police suédoise, dépassée par cette vague incontrôlée de barbarie ! Et que faire pour l’enrayer ? Les politiques semblent tétanisés, scotchés sur les bancs du Riksdag, comme relégués sur une autre planète. La profanation des corans ajoute encore une strate à ce climat anxiogène qui règne en cet automne 2023. Elle fait moins envie cette Suède que le monde entier encensait pour son humanité, sa solidarité sociale et son bien être sociétal.

Les taux d’intérêts, montés sur ressorts, n’entravent en rien l’inflation qui, elle aussi, fait des bonds à la hausse. Une situation qu’a rarement connue le royaume. Avec une couronne suédoise, à la ramasse par rapport à l’€ et au $, les Suédois, grands voyageurs à l’extérieur de leurs frontières sont, désormais, pratiquement confinés chez eux.

Quant à la rentrée parlementaire, bien qu’elle fût comme à l’accoutumé pompeuse et un brin désuète, on sentait que les députés de la « majorité » jouaient un rôle qui ne leur était pas nécessairement attribué. L’extrême droite s’imposant de plus en plus dans les décisions gouvernementales et le faisant savoir favorise un clivage qui s’opère plus ouvertement dans les rangs des parlementaires. Leur rôle de faiseur de roi est de plus en plus marqué et leurs ambitions sont à l’aune de leur appétence pour le pouvoir. Leur chef de file a d’ailleurs été clair : aux prochaines élections générales, ils n’assumeront plus un rôle de potiche mais mettront les mains dans le cambouis. Aïe !

À part ça, l’automne est à nos portes et les champignons tapissent comme jamais les forêts. Les chasseurs piaffent pour remplir leurs quotas d’abattage d’élans, de loups, de lynx, de gloutons et autres grands tétras et lagopèdes… bref, rien à signaler !