Que des superlatifs pour la nouvelle unité de cogénération biomasse de Värtan à Stockholm. La plus grande dans sa classe, la plus efficace et, par surcroît, zéro émission ! L’écologie durable personnifiée !
La centrale de cogénération de Värtahamnen.
Planifiée avant la crise financière de 2008, la centrale thermique a dû revoir à la baisse ses ambitions architecturales. Il n’en reste pas moins un impressionnant bunker aveugle d’une cinquantaine de mètres de haut surplombant le port de Värtahamnen, dans la Baltique, au nord de Stockholm. Le choix de l’emplacement n’est pas le fait du hasard. Déjà depuis des décennies, ce quartier de Stockholm a fourni la ville en chauffage urbain et en eau chaude à partir de centrales thermiques au fioul et à charbon. L’expansion urbaine a rattrapé ce secteur de la cité, auparavant essentiellement industriel. Quelque 12 000 logements y ont été récemment construits et d’autres zones attenantes très attractives sont à l’étude pour être viabilisées. La mise en route d’une centrale biomasse était hautement souhaitée par les élus de la ville tant d’un point de vue environnemental – la Suède veut se passer d’énergie d’origine fossile à l’horizon 2030 – que pour s’assurer d’un approvisionnement sûr et renouvelable (les résidus issus de la forêt sont pratiquement incommensurables). « Une combinaison réussie, selon Anders Egelund, PDG de Fortum Värme, tant sur le plan infrastructurel que logistique et industriel. »
Fortum Värme, producteur et distributeur suédois d’énergie, société codétenue par la ville de Stockholm et Fortum est désormais en mesure de fournir 800 GWh d’électricité et 1 700 GWh de chaleur ainsi qu’un réseau de froid pour 200 000 foyers à partir de déchets de bois (branchages, houppiers, écorces, sciures, souches). Prouesse industrielle indéniable pour un investissement de 5 milliards de SEK, quelque 533 286 000 euros.
L’installation est classique. Elle est de type chaleur-force. Chaudière, turbine à vapeur et échangeur. Combustion du combustible à 800°. Excellent rendement énergétique : 90 % selon les responsables de Fortum ! Une valorisation maximale de la source d’énergie. Et, cerise sur le gâteau, aucun rejet de CO2 dans l’atmosphère grâce à des filtres et une condensation des fumées très performants. Seule de la vapeur d’eau s’échappe de la centrale ! Où out y est disproportionné. Un entrelacs de conduites et de tuyaux de toutes tailles, de valves, de manomètres, de panneaux dans tous les sens et d’ouvriers casqués à tous les étages de ce gigantesque complexe de transformation énergétique.
la biomasse transportée par voies maritime et ferrée
L’alimentation en combustible renouvelable est assurée à 60 % par bateau et à 40 % par chemin de fer (provenance nordique, voire russe). Un terminal dans le port a été aménagé pour réceptionner la biomasse qui est ensuite transportée par convoyeurs directement jusqu’à la chaudière (12 000 m3 consommés journellement) ou pour y être entreposée. Une caverne a été aménagée à cet effet dans la roche pour y stocker quelque 50 000 m3 de combustible à 40 mètres sous le niveau de la mer (des milliers de m3 de roches ont été excavées entre les tunnels d’amenées du combustible via des convoyeurs, les tunnels de services et autres).
Le recours à la biomasse permet à ville de Stockholm d’éviter de rejeter dans l’atmosphère 650 000 tonnes de CO2/an. C’est ce que rejette l’agglomération en 6 mois !
Outre la chaleur, la centrale produit également du froid. L’eau est pompée directement dans la Baltique puis expédiée dans le réseau jusqu’à l’utilisateur final.
Fortum Värme a d’autres projets de cogénération. En 2019 à Lövsta, en 2023 sur Stockholm, une nouvelle chaudière à Högdalen en 2020 et l’agrandissement de la centrale de Hammarby l’an prochain, mais pas avec des granulés de bois comme initialement prévu. Tout pour réduire les émissions de CO2.