Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur tenaillée…

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L’immigration pose visiblement des problèmes, à des niveaux différents, aux partis politiques suédois. Les Sociaux-démocrates sont partisans d’un encadrement plus restrictif des lois sur l’asile, alors que les Verts, leurs partenaires de la coalition régnante y sont opposés, par exemple. La commission chargée de l’Immigration au Parlement n’ayant pu se mettre d’accord, il n’y aura donc pas de ligne politique générale de la politique migratoire en Suède comme l’appelaient de leurs vœux l’ensemble des partis politiques, il y a encore quelques semaines.

Là encore, les chiffres de la migration sont là pour rappeler qu’il ne s’agit nullement de faire l’autruche en la matière. En 2019, la Suède a ouvert ses frontières à 21 500 demandeurs d’asile. 6 540 ont obtenu un permis de séjour dont 6 050 un permis temporaire et 490 un permis permanent. 12 200 demandeurs se sont vu refuser l’asile. Ce qui, comparativement à 2015 où la Suède a « accueilli » quelque 163 000 demandeurs d’asile, sont cependant des chiffres « insupportables  » pour certains partis politiques.

Mais que veulent-ils réellement en matière d’asile en Suède ? Une problématique récurrente qui les divise de plus en plus.

Les Sociaux-démocrates ne sont pas partisans d’un quota plafonné prévisionnel de demandeurs d’asile, ils préconisent plutôt une sorte de contingentement référentiel proportionnel à la population totale de l’Union européenne. La Suède représentant environ 2,3 % de cette population (10 millions sur 446 millions) et sachant que 638 000 migrants ont demandé l’asile l’an passé en Europe, le royaume serait prêt à accueillir entre 14 et 15 000 demandeurs d’asile. Ce mode de calcul équivaudrait à une contraction de 40 % du taux d’accueil par rapport à la moyenne de ces quatre dernières années.

Attitude totalement incompatible avec l’esprit de la politique migratoire des Verts qui ne peuvent envisager ni plafonnement, quota voire cote référentielle quelconque. Pour eux, le droit d’asile est sacré et aucun compromis n’est envisageable. Un positionnement non négociable pour rester dans le gouvernement de coalition.

Les Modérés (conservateurs) proposent de s’aligner sur les voisins nordiques, soit un quota de 5 à 8 000 demandeurs d’asile par an. Il faut remonter en 1996 pour trouver un nombre d’entrées en-deçà des 9 000 demandeurs. Cette année-là, ils étaient 5 700 à demander l’asile.

La Gauche (anciens communistes) considère l’immigration sous le même angle que les Verts. Respect du droit d’asile et ouverture généreuse.

Les Centristes (ancien parti agrarien) sont contre un contingentement référentiel, cette façon de faire allant à l’encontre du principe même de droit d’asile. Et que se passera-t-il lorsque que le quota sera atteint ? Fermer les frontières ?

Les Libéraux sont opposés à un plafonnement du nombre de demandeurs d’asile. Quelle image cela donnerait de la Suède ? Que le royaume ne respecte pas le droit d’asile ? Impensable en l’état.

Quant aux Démocrates de Suède (parti d’extrême-droite), ils préfèrent se tenir à l’écart de tout futur accord étant donné que l’ensemble des partis politiques ne sont pas disposés à discuter avec eux. Pour eux, la seule option possible, c’est la  fermeture pure et simple des frontières aux migrants. Difficile de faire moins dans la nuance !

Après la Covid-19 et ses conséquences collatérales gravissimes, une crise migratoire manquait au tableau. Elle est là ! Il faudra attendre l’automne pour savoir si le gouvernement saute ou bien si d’ici-là, le pragmatisme aura permis de résoudre une équation à plusieurs inconnues.

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