La chaleur en arctique fait fondre les neiges du Kebnekaise… Non, ce n’est pas un de ces titres racoleurs pour faire vendre de la copie, mais bien l’une des conséquences, et pas des moindres, de la vague de chaleur que connaît l’Europe du Nord où un anticyclone particulièrement pugnace campe depuis deux mois à l’aplomb de ses latitudes. Le sommet actuellement le plus haut de Suède risque d’être relégué à la deuxième place du palmarès !

Le Kebnekaise est une montagne à deux pics, un nord et un sud. Jusqu’à présent le sommet sud (un glacier) était le point culminant du royaume. Être de glace n’est pas une garantie d’existence éternelle, à preuve, la calotte du « rebord du chaudron » (étymologiquement en langue sámi), fond. Ainsi, la cime rocheuse du pic Nord, qui certes subit elle aussi des érosions, est en passe de devenir la plus haute des deux pics. Ça doit faire un moment qu’il attend de lui piquer le titre !

En un mois le Chaudron a rapetissé de 4 mètres ! Dernières mesures : Pic Sud : 2 097 mètres, Pic Nord : 2 096,80 m ! Allez Phébus, encore un effort pour me dégeler tout ça !

C’est un Français, Charles Rabot (patronyme prédestiné pour aplanir les bosses !) qui, le premier, a vaincu le Kebnekaise le 22 août 1883. À l’époque, le Pic Sud s’élevait, selon le géographe gaulois, à 2 130 mètres (en réalité 2 123 m) au-dessus du niveau de la mer. Détail croquignolesque, il a fini l’ascension en caleçon pour ménager l’unique pantalon qu’il avait emmené avec lui ! Il a donné son nom à un glacier à l’ouest du Kebnekaise, le glacier Rabot, par 67˚ 55’ N et 18˚ 29’ E. Un fondu du grand Nord au sommet de sa gloire !