Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur à brûle-pourpoint…

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Comment les climatosceptiques réussiront-ils à expliquer les gigantesques incendies de forêts qui ont ravagé les pays nordiques cet été 2018 ? Eux qui ne croient pas au réchauffement climatique, ils argumenteront que c’est la faute à pas de chance, que la monoculture des conifères favorise ce fléau, qu’il fait chaud l’été et qu’à ce titre les feux de forêts sont inévitables… bref, pas évident de trouver des arguments plausibles réfutant le fait que la Terre se réchauffe.

Lors du Sommet de la Terre de 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud, Jacques Chirac s’était laissé aller à filer la métaphore en constatant que « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs… ». Phrase choc (pas de lui du reste, mais du géopolitologue Jean-Paul Deléage) qui avait alors réveillé les consciences. Le temps a passé… on a regardé ailleurs et la Terre a continué d’enregistrer une montée inquiétante de la température… et ce n’est pas Trump et ses affidés qui vont la faire diminuer !

La Suède, en bonne élève potentielle de la nouvelle écologie, estime faire beaucoup pour aider la planète à surmonter ses problèmes liés à l’élévation de la température. Recyclage de toutes sortes, énergies renouvelables, biodiversité, taxes à hue et à dia, colloques, conférences, conseils… Apparemment pas assez ! En réalité, les intérêts de l’industrie forestière suédoise et les exigences du changement climatique sont loin d’être en phase. Troisième exportateur mondial de produits forestiers (pièce maîtresse d’une économie traditionnelle) : pâte à papier, papier, bois scié (industriel et construction) et énergie, le royaume a d’autres chats à fouetter que de se focaliser sur les aspects, somme toute collatéraux jusqu’à présent, du réchauffement climatique. Le prix à payer d’une foresterie productive à haut rendement passe par ce type d’exploitation forestière !

L’écosystème forestier suédois est pratiquement essentiellement composé de résineux : pin sylvestre, épicéa, sapin, mélèze. Pas terrible pour la biodiversité, mais parfait pour l’élément feu ! À 35 ˚ à l’ombre et plus de 50 ˚au soleil depuis des semaines, les conifères s’enflamment facilement et brûlent en produisant énormément de chaleur et de projections qui favorisent la propagation de l’incendie.

Du point de vue de la prévention, l’impréparation de la protection civile semble malheureusement de mise. L’aménagement du massif forestier suédois laissant, aux dires de certains politiques souhaitant sûrement faire feu de tout bois, fortement à désirer. Peu de pistes, de voies d’accès pour les pompiers, un réel manque de pare-feu (manque à gagner de ces zones déboisées et débroussaillées !). « Menons une sylviculture raisonnée », claironnaient les politiques ? C’était avant les facéties de la météo du début troisième millénaire. On ne peut pas à la fois souhaiter faire pousser de la vigne sous les latitudes circumpolaires et vivre avec les méthodes de l’ancien monde comme si de rien n’était !

En attendant, quelque 25 000 hectares de bois représentant environ 90 millions d’€ sont partis en fumée.

Jamais depuis que la Suède établit des prévisions météo (1860), elle n’avait connu une période de sécheresse d’une telle ampleur. En 2014, le royaume avait déjà dû faire face à de nombreux incendies de forêt. 14 000 hectares alors avaient été touchés. Cette année, la Suède, littéralement sous-équipée, a été tenue de demander de l’aide à ses voisins européens. Et l’entre-aide n’a pas tardé. L’Allemagne, la France et l’Italie ont envoyé des Canadair et des hélicoptères ainsi que des soldats du feu ; la Norvège, la Lituanie, la Pologne et le Danemark ont également participé avec des renforts en hommes pour combattre les titanesques incendies.

Dernier élément en date pour lutter contre les feux : les bombarder avec de vraies bombes ! L’armée de l’air suédoise s’y est essayée et apparemment ça marche ! Les bombes (à guidage laser, s’il vous plaît !) lâchées par des JAS 39 Grippen sur les zones incendiées projettent de la poussière et de la boue qui étouffent les foyers incendiaires (en gros, le souffle les privent d’oxygène). Encore une invention suédoise ? Vite un brevet tout feu tout flamme et que ça saute !

À la guerre, comme à la guerre… du feu !

 

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