On ne peut gagner sur tous les tableaux… Constat qui s’appliquerait pile-poil à la défense suédoise. Il y a quelques temps, la Suède, au grand dam des Européens, acquérait auprès des États-Unis quatre systèmes de défense anti-aérien Patriot et quelques batteries de missiles compatibles.

Un système cher, hors de prix même, puisqu’au lieu du milliard d’euros prévu par le budget de la défense pour régler la facture, les Américains en réclament deux milliards et demi ! Le ministre de la défense,  Peter Hultqvist, au garde-à-vous devant les Ricains, s’est-il engagé un peu vite et à la légère ? Il faut bien qu’il y en ait un qui porte le chapeau. Néanmoins, assuré, quoi qu’il en soit, de ne pas payer de sa poche, le prodigue ministre peut dormir en paix ! Il n’y a pas que la fracture sociale qu’il faudra réduire !

Dans cette histoire, ce n’est pas tant le prix du système de défense qui serait sujet à caution, mais bien plutôt le choix du fournisseur. En effet,  pourquoi avoir préféré le matériel américain à l’européen, au moment où la Suède « envisage » de vouloir renforcer la coopération militaire entre pays européens ! Pragmatisme circonstancié ou cynisme d’attitude ? Un peu des deux, mon neveu ! Toujours la même rengaine avec la neutralité made in Suède. Apparaître neutre est nettement plus glorifiant que d’être inféodé à untel ou untelle. La Suède éternellement et cliniquement « modèle » se vend mieux neutre ! Quand les choses s’enveniment dans le pré carré scandinave, ou que l’on fasse en sorte que l’image s’y brouille, les instituts de sondage arrivent à faire pencher la balance pour une adhésion de la Suède à l’OTAN. Quand le ciel est dégagé, on revient vite aux fondamentaux : neutralité en cas de conflit et non-alliance en temps de paix, et basta… l’OTAN ouvrira bien son parapluie si d’aventure le temps se gâte ! Un peu l’histoire de la chèvre de monsieur Seguin… Personne n’est évidemment dupe. La Suède a de tous temps été un allié zélé de l’Alliance Atllantique et même un acteur majeur durant la guerre froide.

L’épisode du DC-3 suédois et de l’hydravion de type Catalina abattus en juin 1952 (un vendredi 13 pour le DC-3) par les Soviétiques au-dessus de la Baltique en est la preuve irréfutable. La Suède espionnait les Soviétiques avec du matériel de l’OTAN. Les Russes ont reconnu en 1991 avoir abattu les avions de reconnaissance suédois. Les autorités suédoises attendront elles le renflouement du DC-3 en 2004 pour admettre leur implication dans les missions de reconnaissance des côtes baltes pour le compte de l’OTAN.

Jusqu’à quand les Suédois vont louvoyer autour de leur neutralité à géométrie variable ? N’est-il pas temps de prouver que la solidarité qu’ils mettent en avant en toute occasion n’est pas uniquement une vaine intention ? La défense suédoise : un incubateur de la velléité !