Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

Le Sceptre…

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Début du XVIIème siècle, en Suède. Gustave II Adolphe règne sur le royaume depuis 1611 après la mort de son père, Charles IX. Il a 17 ans. L’ère est marquée par des conflits armés à répétition, contre le Danemark, la Russie, la Pologne pour la conquête de la Livonie, la guerre de Trente ans… Grand stratège militaire (artillerie, cavalerie), le Lion du Nord n’oublie pas sa navale. Une flotte qui contribuera largement à faire de la Suède une puissance militaire maritime respectée. Le monarque fera construire des navires de guerre tout au long de son règne, dont le fameux Vasa.

Se hausse-t-il du col ?

À son avènement, il donne son aval pour la construction d’une première série de quatre vaisseaux qui vient compléter une armada suédoise plus ou moins défaite : Scepter (le Sceptre) avec ses 36 canons, Riksnyckeln (28 canons), Harbo Lejonet (20 canons) et Jupiter (20 canons).

Parmi les plus grands chantiers navals d’alors, ceux de Stockholm et de ses environs sont en bonne place et notamment Blasieholmen et Skeppholmen, au cœur de la capitale, qui accueillera à partir du 17ème siècle l’état-major de l’amirauté. Récemment, des fouilles effectuées autour de ces îlots ont révélé la présence d’une quinzaine d’épaves…

À l’époque, les navires sont fréquemment de facture suédo-batave. Le mélange des genres en termes de mesures est plus souvent la règle que l’exception. Pieds hollandais vs pieds suédois sur fond d’aunes françaises… Le naufrage du Vasa en découle (!) en partie. Sur Skeppsholmen, la bien nommée (l’îlot aux bateaux), des bassins de radoub sont aménagés pour l’entretien et la réparation de la carène des galions (à l’époque, on pratiquait l’abattage en carène pour radouber les navires. À la force de cabestans on inclinait le navire sur le flanc pour les réparations).

Ooooooooooooooooooh ! M’enfin !!!

C’est en procédant à la réfection d’une section des quais de Skeppsholmen que l’entreprise chargée du chantier est littéralement tombée sur la carcasse d’un vaisseau du 17ème siècle qui devait servir de remblais pour stabiliser une des parois de ces cales destinées au radoub. Les travaux ont été immédiatement stoppés et les archéologues marins ont pris le relais pour mener des fouilles plus approfondies. Résultats de leurs expertises : il s’agirait, cela reste encore au conditionnel, du vaisseau amiral de Gustave II Adolphe, le Scepter, construit en 1615 à Arnö dans l’archipel de Stockholm et désarmé en 1639.

35 m de la poupe à la proue, la quille du Scepter est pratiquement aussi longue que celle du Vasa (38m) [de l’extrémité de la poulaine au château arrière : 69 m pour le Vasa]. Ce bâtiment, le Scepter (l’un des rares à n’avoir pas coulé !), a eu l’honneur d’avoir à son bord Gustave II Adolphe en personne lors de l’expédition suédoise pour la conquête de la Livonie.

La carcasse-épave du Scepter.

À l’abri de l’air, dans la vase et les eaux saumâtres de la Baltique et sans la présence du taret, teredo navalis (ce mollusque qui s’attaquent aux bois immergés) la carcasse est dans un excellent état de conservation. La dendrochronologie a permis de dater exactement l’âge des bois de chêne qui le composent, tout comme les pieux de pin qui stabilisaient les fondations de l’ancien quai. En l’état, les autorités n’ont pas l’intention d’extraire l’épave de sa fange. Elle sera dûment répertoriée puis coulée dans les coffrages de béton des futurs quais. Sceptre un jour…

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