Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur chronophage…

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30 heures par semaine payées 40, ce n’est pas une utopie, ça été possible en Suède à titre expérimental dans certaines entreprises. Surtout dans des unités communales de soins aux personnes âgées. Il s’agissait de s’intéresser aux comportements des employés dans des maisons de retraite, et de les comparer entre ceux qui appartenaient au groupe test qui effectuaient six heures journalières sans perte de salaire et ceux qui abattaient leurs huit heures légales. Dire que les heureux tirés au sort ont été satisfaits du régime auquel ils étaient soumis, serait un euphémisme (quelque mille heures gagnées sur deux ans !).

Et pourquoi cette générosité ? Plusieurs raisons. Entre autres, tenter d’enrayer l’absentéisme, véritable fléau comportemental dans le royaume (et si les employés, relativement mal rémunérés dans ces professions de service se payaient sur la bête en restant chez eux ?) et améliorer le bien-être au travail et les bienfaits qui l’accompagnent. L’expérience s’est déroulée un peu partout dans le pays avec des résultats sensiblement semblables. À savoir des employés prêts à réécrire la saga et des employeurs nettement plus réservés. Tout cela s’étant avéré trop cher pour le contribuable. On comprend que dans le domaine des soins aux personnes âgées, il est difficile d’exiger un accroissement de la productivité et de l’efficacité. Alors, pour maintenir un niveau de service équivalent, il a bien fallu embaucher du personnel qui, lui, devait marner 40 heures par semaine. Bref, tout ceci a coûté les yeux de la tête et l’absentéisme n’a pas reculé d’un iota ! Les communes ont finalement renoncé à poursuivre l’expérimentation. Exit de la réduction des horaires de travail.

compressibilité du temps...

compressibilité du temps…

Parallèlement, des expériences similaires ont été mises en place dans le secteur privé. Les résultats, là, y ont été plus probants tant chez les employés que leurs employeurs. Chez le concessionnaire du constructeur automobile nippon, Toyota, où la journée de six heures est une réalité depuis plus de dix ans pour les mécaniciens chargés de l’entretien et des réparations des véhicules, on est dithyrambique. La direction s’y retrouve avec une productivité accrue, un recul de l’absentéisme, des mécanos plus épanouis et une clientèle satisfaite. Opération gagnant-gagnant dans les clous ! Même son de cloches dans certaines entreprises informatiques qui sont passées à 30 heures hebdomadaire. Les moyens pour y parvenir sont multiples (pas d’augmentation, récupérations, vacances, impasse sur les pauses, le déjeuner, etc.). Le temps n’est plus forcément de l’argent ! La réussite de la journée de six heures dépend manifestement du secteur d’activités et des intérêts qui y sont liés.

Les Suédois sont majoritairement favorables à une réduction du temps de travail, tout comme les médecins, sociologues et autres spécialistes des questions sociétales. Les politiques, les patrons et les syndicats sont eux résolument plus frileux. On aurait pu penser que dans un pays qui se dit hautement concerné par le bien-être social, cette question aurait dû avoir un écho plus audible. Tout faux ! Les décideurs-opposants avançant qu’une mesure de cette ampleur mettrait en danger l’économie du royaume et notamment son secteur sensible de l’exportation. Nullement question de prendre des risques ! On ne touche pas à l’appareil de production. On peut avoir des sensibilités humanistes mais garder les pieds sur terre et faire en sorte que l’intérêt du pays passe avant le bien-être au travail. La preuve !

La semaine raccourcie à 30 heures a vécu. Certaines professions bénéficient cependant d’accords de branche, ainsi les gens d’église ne font que 34 heures par semaine. Ont-ils eu l’oreille du Très-Haut ? Argument réducteur, s’il en est !

Pas d'heures supplémentaires, dieu merci !

Pas d’heures supplémentaires, dieu merci !

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