Les Suédois sont-ils mal-élevés… ou pas élevés du tout ? On est en droit de se poser la question eu égard à leurs comportements qui dérogent aux us de bienséance en vigueur sous des latitudes plus méridionales.

Certes, il faut admettre que le relationnel se vit de façon différente que l’on vienne du septentrion ou du sud de l’Europe. En Suède, par exemple, le fait d’être peu nombreux au km² (24 en moyenne contre 122 en France) doit certainement influencer le caractère. Faut-il parler plus fort pour être entendu ? En théorie, on peut imaginer que le quant-à-soi est mieux préservé. Les actes tendraient à prouver qu’il n’en est rien.

Peu importe, la politesse ne les étouffe pas. Ils peuvent même être parfaitement mufles. Ne vous attendez pas à ce qu’on vous tienne la porte dans le métro, par exemple. Ils ne font naturellement pas exprès de vous la coller dans la figure, mais ils ne font rien non plus pour que cela ne se produise pas. Et si, par réflexe, vous la retenez, ils passent comme si de rien n’était. Pas l’ébauche d’un remerciement, voire d’un regard ou encore l’esquisse d’un rictus. Nada, que dalle ! Frustrant !

Leur savoir-vivre ne s’encombre pas d’affabilités, encore moins de salamalecs. C’est du brut de coffrage, du direct. Pas nécessairement brutal, mais… rugueux, certainement. Pas de temps à perdre dans des formules alambiquées de politesse lors de rencontres. C’est : « Hej ! » et basta ! Une accolade à la rigueur si l’on se connaît bien, mais pas de claquage de bises. Une embrassade musclée de charretier à vous couper le souffle. Là aussi, le cérémonial minimaliste est codifié au cordeau. Pas d’espace pour les non-initiés.

Et la galanterie ? Tout un chapitre. Pour commencer, il n’existe pas de mot spécifique en suédois. Artighet s’applique aussi bien au devoir de politesse qu’aux égards témoignés aux femmes par les hommes. Au pays de la parité reine, pas question de s’en laisser conter ! Être galant peut être perçu comme de la drague. La courtisanerie en Suède relève d’autres approches.

Tout cela manque, à l’évidence, de chaleur (le froid a-t-il fini par pénétrer la population ?). Bah ! Du moment qu’ils s’y retrouvent ! Pas que nous, Latins, soyons la référence en la matière, mais un peu d’huile dans les rouages du relationnel facilite le mécanisme des usages. Elle a dû figer !?!

Pragmatiques, les Suédois ont bien retenu une citation d’Oscar Wilde : « La seule chose que la politesse peut nous faire perdre c’est, de temps en temps, un siège dans un autobus bondé. » Il ne manquerait plus que ça !