Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur fébrilement patiente…

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Il y a, à l’évidence, quelque chose de pourri au royaume de Suède ! Pratiquement quatre mois après les élections générales de septembre 2018, le pays n’a toujours pas de gouvernement ! Dans un pays comme la Suède, comme pourrait dire Donald Trump ?!? Comment en est-on arrivé à cette situation digne d’une république bananière ? Quel est l’état du marigot politique suédois ?

Raison mathématique tout d’abord : le Parlement suédois compte 349 députés. La répartition de l’élection législative de 2018 donnait 144 sièges à la gauche (Sociaux-démocrates, Verts et Gauche) contre 143 à l’Alliance de droite (modérés, Libéraux, Centriste et Chrétiens-démocrates) avec, en joker, les Démocrates de Suède (SD), 62 sièges. De par sa position (17,6 %), ce parti xénophobe d’extrême-droite joue de facto les faiseurs de roi estimant, qu’au nom de la démocratie (ça leur va bien !), il a son rôle à jouer dans la composition du gouvernement qui sera amené à conduire le royaume durant les quatre prochaines années. Aucun des partis en lice voulant envisager de gouverner avec cette formation sentant par trop le soufre, la situation est totalement bloquée. Officiellement du moins.

Le président du Parlement, Andreas Norlén, a bien essayé de démêler l’écheveau (ses attributions) en proposant d’abord au chef de file des Modérés, Ulf Kristersson, de former un gouvernement. Rejet du Riksdag. Nouveau round, cette fois avec le patron des Sociaux-démocrates, Stefan Löfven. Pas plus de succès. Le patron du perchoir a ensuite retenté sa chance avec Annie Lööf, la cheftaine des Centristes… qui n’a pas non plus réussi à rassembler une majorité pour une éventuelle acceptation par l’Assemblée nationale. Le président du Riksdag a encore deux possibilités pour la désignation d’un Premier ministre qui sera ou non accepté par la chambre. En cas de refus, les Suédois retourneront aux urnes. On ne voit pas en l’état ce qui pourrait faire bouger les lignes tant les partis maintiennent leur attitude négative vis-à-vis des SD ?

Va falloir forcer !

La réalité est beaucoup plus nuancée. Même s’il est avéré que durant la campagne électorale tous les partis ont claironné qu’ils ne coopéreraient jamais avec le parti d’extrême-droite pestiféré, on a entrevu lors des tentatives avortées de formation d’un gouvernement, deux partis, dont un, nettement plus que l’autre, faire du gringue de manière plus ou moins appuyée aux SD. Les Modérés ont fait semblant de subir la fatalité pour sortir le royaume de l’ornière politique dans laquelle il est embourbé (il y a un an, le parti s’était débarrassé de sa présidente qui avait alors émis l’impensable à savoir, faire ami-ami avec les SD). Les Chrétiens-démocrates menés par leur patronne hyper agressive, Ebba Busch Thor, n’ont pas d’états d’âme ; coopérer avec les SD ne leur posent aucun problème. Avec 6,3 % de votants (alors qu’ils étaient donnés perdants dans les sondages. Il faut atteindre 4 % pour pouvoir siéger au Riksdag), ils sont persuadés de s’assurer ainsi des postes ministrables.

En attendant, si les partis continuent de camper mordicus sur leurs positions, la seule issue sera de nouvelles élections. Pas certain que cela soit favorable à qui que ce soit. Les Suédois voteront-ils utiles et pragmatiques en recollant à une politique des blocs ou bien laisseront-ils les SD devenir le deuxième parti du royaume avec un programme anti-immigration musclé et une aventure qui risque de se fort mal finir ?  « Dans un pays comme la Suède ? »

Le maquignonnage continue durant les fêtes. Qui sera finalement de meilleur conseil, le père Noël ou le père fouettard ?!?

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