Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur parlementarisée…

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La question que l’on est en droit de se poser après les élections générales de 2018 au pays d’IKEA : « Est-ce que l’État gère ? ». Et la réponse n’est pas démontable, c’est non ! Comment en est-on arrivé à une situation politique aussi bloquée ? Le parlementarisme a ses travers et donc ses imperfections. La classe politique suédoise va devoir faire avec.

Travelling arrière sur une élection à haut risque et ses conséquences. Les instituts de sondage, fidèles à leurs projections destinées à satisfaire leurs donneurs d’ordre, donnaient le parti xénophobe et anti-immigration, les Démocrate de Suède (SD), à 25 % dans la fourchette haute et à pas moins de 20 % dans l’autre sens. Tout faux, les populistes en resteront à 17,6 %, ce qui est déjà beaucoup (trop !). Pour les Sociaux-démocrates, tous les sondeurs s’accordaient pour que cette formation fasse son pire score et les créditaient de 24-25 %. Presque juste, en ce qui concerne le plus mauvais résultat depuis 100 ans, mais 28,4 % quand même (une petite consolation, les sociaux-démocrates restent le plus grand parti de Suède).

De quoi voir rouge Stefan Löfven !

Le parti radical de gauche devait se contenter de 4 à 5 %, ils caracolent à 7,9 %.

À Gauche toute Jonas Sjöstedt !

Les Verts s’attendaient à une culotte mais pas au point de faillir passer à la trappe. Ils sauvent leur place au Parlement à 4,3 % ! Les Chrétiens-démocrates faisaient l’unanimité chez les sondeurs, exit de la formation travail-famille-patrie-cureton du Parlement. Résultat : non seulement ils s’y maintiennent, mais poussent leur présence à 6,4 % ! Les centristes devaient casser la baraque, ils augmentent leur score, mais pas dans la proportion que leur prédisaient les instituts de sondages, ils engrangent 8,6 % des voix. Le seul parti  pour lequel les sondeurs étaient tombés d’accord en termes de pourcentages, les Libéraux, ils ont réalisé le score auquel ils étaient promis 5, 5 %. Quant aux conservateurs, eux aussi ont enregistré un repli certain, ils se contentent de 19,8 % et restent le deuxième parti de Suède.

de g. à d. : La bande des Quatre. Annie Lööf (C), Ulf Kristersson (M), Ebba Busch Thor (KD), Jan Björklund (L).

Ce kaléidoscope accouche de trois blocs : à gauche, Sociaux-démocrates-Verts-Radicaux de gauche (les Rouge-Verts), à droite, Modérés-Libéraux-Chrétiens-démocrates-Centristes et à l’extrême droite (la bande des Quatre) et les Démocrates de Suède en électron libre au rôle d’arbitre pour le bloc…age. Aucune de ces constellations n’a la majorité, il faudra donc composer pour former un gouvernement. Bonjour le maquignonnage ! Aux politiques de prouver que la légendaire propension suédoise au consensus n’est pas une gageure !

Le scrutin 2018 restera dans les annales pour avoir essentiellement tourné autour des questions liées à l’immigration avec en point d’orgue leur accueil. Et force est de constater qu’on n’est pas plus avancé qu’avant le passage aux urnes. À se demander si l’homogénéité suédoise est finalement soluble dans le multiculturalisme ? Seule certitude, la Suède est devenue un pays comme les autres. Le populisme made in Suède s’est invité au Riksdag, le Parlement, il y a 8 ans. Il l’envahit depuis : 5,7 % en 2010, 12,9 % en 2014 et maintenant 17,6 % ! Faiseurs de roi aujourd’hui, quel rôle auront-ils demain ? Ont-ils atteints leur limite ? Difficile de prédire ! Une chose est cependant  certaine, leur poussée record prévue a été plus ou moins contenue, ce qui les fait enrager ! C’est la faute aux media, bien entendu ! Un jour populiste…

En attendant et dans l’immédiat, aucun parti ne veut négocier avec les SD. Jusqu’à quel point réussiront-ils à les ignorer ? Où se situe le cordon sanitaire ? Va-t-on vers de nouvelles élections à terme ? Beaucoup d’incertitude dans le Landernau politique suédois. Pour sa part, la politique des blocs adoptée en 2014 pour isoler les SD a vécu (la coalition rouge-verte et l’alliance de centre-droit s’étaient mis d’accord pour barrer la route aux SD en ne votant pas contre le budget des uns ou des autres). Enterrement donc de première classe pour cet arrangement « contre nature », et bonjour la réalité ingouvernable !

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