Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur défiée…

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Quelle mouche a piqué les politiques suédois en cette fin de session parlementaire ? À cette époque de l’année, au solstice d’été, on aurait pu s’imaginer qu’il s’agissait de moustiques voire d’aoutas qui occasionnent quelques démangeaisons qui finissent pas passer, mais là, c’est un insecte beaucoup plus vicieux que nos diptères vulgaris qui est passé à l’attaque provoquant un prurit collectif chez les députés au point que le Parlement a renversé le gouvernement ! Une première dans ce royaume plus habitué au ronronnement du consensuel soft qu’aux éclats caractériels. Ainsi, juste avant la sacro-sainte Saint-Jean et les vacances de l’été astronomique, la classe politique s’est enflammée sur un projet préliminaire touchant la libéralisation des loyers sur les logements neufs ! Et plus explicitement, c’est le point 44 de l’accord de janvier 2019 passé entre le gouvernement minoritaire composé des Sociaux-démocrates et des Verts et les partis politiques de centre-droit, Centristes et Libéraux, ainsi que la Gauche (ex communiste) qui a mis le feu aux poudres. Un article qui prévoyait donc, à terme,  une grosse entorse capitaliste à l’encadrement strict des loyers et la porte ouverte à des augmentations généralisées incontrôlées et incontrôlables.

Il faut se rappeler que les élections générales de septembre 2018 avaient laissé le pays sans gouvernement pendant plus de quatre mois. L’accord trouvé à cette époque avait fait soulever plus d’un sourcil dans la classe politique suédoise. Mais bon an mal an, chacune des parties prenantes avaient joué le jeu permettant au royaume d’être gouverné, certains ayant avalé plus de couleuvres que d’autres et notamment le parti de la Gauche, Vänsterpartiet, l’appui de toujours des Sociaux-démocrates qui avait fait plus de concessions que prévu par ses statuts et son idéologie. Alors, lorsque le Premier ministre, Stefan Löfven, a présenté le projet de libéralisation des loyers sans en référer à son soutien de gauche, les ex communistes ont vu rouge… pourpre !

pas commode la nouvelle patronne !

Le parti, par la voix de sa cheffe, Nooshi Dadgostar, donne alors un ultimatum de 48 heures à Stefan Löfven pour retirer son projet. Celui-ci ne s’étant pas exécuté, la patronne lance qu’elle envisage de déposer une motion de censure contre le gouvernement. C’est à ce moment que l’extrême droite en embuscade depuis des années sort du bois et annonce déposer aussi une motion de défiance contre le Premier ministre. Si par le passé 11 motions de défiance ont été votées, aucune n’a abouti. Mais il y a toujours une première fois. Le lundi 21 juin 2021, le vote de défiance était un fait. 181 députés la votaient sur les 349 élus du Riksdag. Stefan Löfven, pourtant fin négociateur et loin d’être le pire des Premiers ministres que la Suède a connu, était « éjecté » par le Parlement.

Le comble,  c’est que c’est d’une fille d’immigrés, Nooshi Dadgostar, qu’émane indirectement la motion de défiance et que ce sont les extrémistes de droite qui sont farouchement contre l’immigration qui prennent la balle au rebond et envoie le P.M. ad patres ! La tambouille politique qui s’ensuivra est digne d’un vaudeville. Les Centristes finissent par reculer sur la question de la libéralisation des loyers mais pas les Libéraux qui ont tout à perdre de revenir sur leur intention ou de maintenir la pression (cette formation est de toute manière condamnée à terme. Elle cumule 2 % d’intentions de vote, il en faut 4 pour siéger au Parlement).

on se calme…

Elections anticipées ou reconduction aux forceps de l’équipe gouvernementale en place avec Stefan Löfven à sa tête, telles sont les deux options qui s’offrent aux Suédois. En réalité, aucune formation politique en lice ne souhaite affronter les urnes, d’autant que les élections générales auront de toute manière lieu en septembre 2022. Un maelström politique dont la Suède, à la sortie de l’épisode Covid, se serait bien passé.

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