Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur non adhésive…

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Décidemment, l’entrée de la Suède dans l’OTAN, c’est aller à Canossa pour les dirigeants du royaume ! Rien ne fonctionne comme prévu. Retour sur ce feuilleton à rebondissements.

Ce sont les Sociaux-démocrates, sous la houlette de la Première ministre, Magdalena Andersson, en 2022, qui abandonnent de facto la sacro-sainte « neutralité » suédoise en demandant l’adhésion du pays à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. C’est ensuite une coalition de centre-droit menée par le Modéré Ulf Kristersson qui prend le relais du processus d’intégration à un moment où la Hongrie et la Turquie ne sont nullement enclins à laisser la Suède rejoindre l’Alliance. Cause du courroux turque : la Suède protège des terroristes du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, et exige leur extradition. Pour les Hongrois, c’est plus subtil : Viktor Orbàn se sent dénigré par les remarques désobligeantes de la Suède vis-à-vis de son régime ! Chochotte !

Les Suédois, alliés aux Finlandais pour la demande d’adhésion, pensaient, à juste titre, que le processus allait être expéditif. Rien, en effet, n’empêchait, en principe, que ces deux nations adhèrent à l’OTAN. Pour la Suède, déjà indirectement partenaire de l’Alliance depuis sa création en 1949, la collaboration active dans les opérations de maintien de la paix en Afghanistan, au Kosovo, en Irak ou en Afrique était un gage de la volonté de coopération. Résultat, la Finlande rejoint l’OTAN en avril, mais pas la Suède.

Même avec un tel bilan pro OTAN pour la Suède, le sultan d’Ankara, Recep Tayyip Erdoğan, estime que ça ne suffit pas, il faut que le royaume fasse totalement allégeance et satisfasse à la lettre à ses desiderata. Dans l’intervalle, un Dano-suédois décide de brûler un Coran devant l’ambassade de Turquie à Stockholm. Les pays arabes hurlent au scandale et appellent au boycott de produits suédois. Le grand vizir, en pleine campagne électorale pour sa réélection, tempère ses réactions mais n’en pense pas moins. Réélu, il persiste et signe. La Suède ne remplit toujours pas les critères qu’il s’est fixé. Dont acte !

Là où s’est déroulé l’autodafé.

La profanation ne s’arrête pas là. En juin, un Irakien chrétien décide à son tour de procéder à un autodafé du livre sacré devant la mosquée de Stockholm. La police n’intervient pas pour interdire le geste car un tribunal de Stockholm, confirmé en appel, a décidé que le fait d’interdire ce type d’acte était contraire à la liberté d’expression. Le gouvernement suédois a beau avoir condamné l’autodafé, 52 pays de confession musulmane ont fortement protesté, certains rappelant leurs ambassadeurs. Le pape y est même allé de son homélie outrée en condamnant l’acte tout comme les mitrés suédois. La population suédoise est partagée. Une partie souhaite que le législateur intervienne pour interdire ces autodafés au nom de l’incitation à la haine raciale, l’autre ne tient pas à faire allégeance à la pression des pays musulmans. Les appels au boycott des produits suédois sont plus que jamais d’actualité. L’adhésion à l’OTAN s’éloigne à la vitesse grand V.

Rendez-vous les 11 et 12 juillet prochain à Vilnius en Lituanie lors du sommet de l’OTAN pour savoir si la Suède est arrivée à ses fins.

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