Sur les quelque 3 500 aéroports existant de par le monde, un seul, celui de Karlstad (KSD) en Suède est aujourd’hui en mesure de ravitailler des avions de ligne en biocarburéacteur de type kérosène. Et si l’expérience s’avère concluante, ils seront plusieurs dizaines d’aéroports dans les pays nordiques à s’équiper à court terme de système stationnaire d’approvisionnement en biokérosène. Un kérosène « propre » obtenu aujourd’hui à partir d’huile alimentaire et d’huile végétale recyclées.

 

 

Il y a des années que des vols d’essais faisant appel à des kérosènes alternatifs ont été réalisés en Europe et aux États-Unis – agro-kérosène (plants de tabac, déchets forestiers, maïs, jatropha, micro-algues, etc.) et kérosène de synthèse (eau de mer, gaz carbonique et rayonnement solaire). À la course au kérosène vert, la Suède ne s’était pas particulièrement distinguée, elle se rattrape. Réduire l’empreinte carbone du transport aérien est une nécessité, la maîtriser par l’utilisation de carburants alternatifs semble désormais une évidence.

Les acteurs du secteur aéronautique et de ses produits dérivés sont formels, d’ici une quinzaine d’années, la plupart des avions voleront avec un mélange kérosène- biocarburant. Actuellement, l’aéroport de Karlstad propose un mélange kérosène-biokérosène à hauteur de 50-50 %. L’ambition du secteur n’est-il pas de devenir aussi écologique que le ferroviaire ? C’est du moins ce qui ressort des déclarations d’intention du vice-président de la filiale suédoise de Fuel & Retail Aviation de Statoil (géant norvégien des hydrocarbures) qui tenait en outre à faire savoir lors d’une récente conférence de presse, deux choses : que Statoil avait la ferme intention de devenir un acteur majeur sur le marché du kérosène vert et pas uniquement en Europe du Nord où elle est le plus gros fournisseur et qu’un financement pour compenser la différence de coût entre carburéacteur conventionnel et biokérosène allait être mis en place dès 2015 sous la forme d’un fonds d’investissement compensatoire (FlyGreenFund) alimenté par l’industrie aéronautique, les aéroports (taxe d’atterrissage) les entreprises, les organisations dédiées, etc. Actuellement, le biocarburéacteur est 3 à 4 fois plus élevé que le kérosène lambda.

La décision de l’aéroport de Karlstad (propriété de la commune de Karlstad) de miser sur un ravitaillement vert des avions de ligne fréquentant ses tarmacs (BMI [British Midland Regional], Nexjet, Lufthansa, SAS, KLM et d’autres opérateurs) « est un pari sur le futur pour la maîtrise à la baisse des émissions de CO₂ », indique le patron de l’aéroport, Peter Landmark, un des acteurs à l’origine du projet. Une initiative qui va très rapidement s’étendre à d’autres aéroports dans les pays nordiques.

Si aujourd’hui le kérosène de substitution destiné à l’aéroport de Karlstad est fabriqué en Suède à partir d’huiles recyclées, demain ce seront les déchets forestiers (biomasse lignocellulosique) qui en seront les ingrédients principaux. The Paper Province est un cluster leader des produits de l’industrie forestière. La région du Värmland avec Karlstad comme chef-lieu rassemble des compétences inégalées en la matière. C’est à partir des immenses forêts de cette région que l’on produira le kérosène vert.

Liens utiles :

Aéroport de Karlstad       ksdarprt.se

Statoil                                 statoilaviation.com

Svebio (organisme suédois à but non lucratif pour la promotion de la bioénergie dans une société durable)                                  svebio.se