Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur restreinte…

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Si l’humanité suédoise en matière d’asile a longtemps été historique de par sa générosité, elle fait désormais partie du passé de l’histoire du royaume. La Suède, à l’instar de bien d’autres nations, rentre dans le rang en ayant décidé de restreindre copieusement le droit d’asile. Adieu les largesses de l’accueil des migrants, bonjour la rigueur au refuge. Il faut dire, à la décharge du pays, que la situation était devenue et est toujours ingérable. En deux mois, cet automne 2015, 80 000 demandeurs d’asile ont débarqué en Suède. Comparaison n’est certes pas raison, mais c’est un peu comme si, ramené à l’échelle de l’Union européenne, la Suède avait accueilli, eu égard à sa population, quelque 25 millions de réfugiés !

Le gouvernement est aux abois, les communes, surbookées, renâclent à accepter plus de réfugiés et la population suédoise, autrefois favorable à une immigration généreuse, se désolidarise massivement de la politique d’asile du gouvernement en place qu’elle estime par trop laxiste. Près de 70 % des Suédois sont désormais carrément hostiles à l’accueil des migrants ! Un changement notable parmi d’autres qui a poussé le Premier ministre à réviser de manière drastique les quotas de l’immigration en s’alignant notamment sur ceux pressentis a minima par l’Union européenne et à prendre un certain nombre de mesures restrictives très impopulaires parmi les partisans d’un accueil plus charitable : contrôle renforcé aux frontières (ce n’est pas encore la fermeture, mais ça y mène indubitablement) ; fin du permis de séjour permanent, retour au provisoire d’une durée de trois ans maximum (l’obtention de ce sésame sera de plus en plus ardue) ; relèvement substantiel des conditions de ressources exigées dans le cadre du regroupement familial ; institution d’un contrôle médical pour déterminer l’âge des « enfants » réfugiés (18 ans étant la limite) et enfin une accélération marquée de la reconduite aux frontières pour les déboutés.

Si la coalition Sociaux-démocrates-Verts actuellement aux manettes a « survécu » à ce premier train de mesures destiné à endiguer le flux des migrants, qu’en sera-t-il des prochains nécessairement inévitables à terme ? Une mise à l’épreuve qui ne tient qu’à une seule petite voix (bientôt inaudible ?). On a vu lors de la conférence de presse de l’annonce des mesures incitatives à la limitation migratoire, une vice-premier ministre (Åsa Romson, du groupe des Verts) hoqueter au bord des larmes qu’il s’agissait là d’une décision extrêmement difficile à prendre (sous-entendant qu’elle ou son parti étaient résolument contre une telle ordonnance). Une situation qui tend à arranger les Démocrates de Suède (parti anti-immigration) qui verraient d’un œil bienveillant la démission des Verts et l’organisation de nouvelles élections (ils sont crédités d’une vingtaine de pourcent !). Le parti d’extrême-droite n’aurait rien contre de diriger le royaume avec l’appui des Modérés et des Chrétiens-démocrates qui lui ont fait savoir qu’ils ne le souhaitaient nullement.

Bref, des mesures musclées (impensables il y a encore quelques mois) dont le gouvernement suédois espère qu’elles viseront aussi à inciter les membres de l’Union européenne à prendre leurs responsabilités en matière d’accueil des réfugiés (rien de moins sûr !). Force est tout de même de constater que c’est bel et bien la fin d’une longue tradition d’asile dont la Suède s’est enorgueillie pendant de longues années. Tout à définitivement une fin… de non recevoir !

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