La politique suédoise s’inscrit parfaitement dans cette réflexion selon laquelle, si vous l’avez comprise, c’est qu’on vous l’a mal expliquée ! Revenons donc un instant sur l’accord croupion passé l’an dernier entre la coalition de centre-gauche minoritaire au pouvoir – Sociaux-démocrates-Verts – et les partis de l’opposition, l’Alliance – Modérés-Libéraux-Centristes et Chrétiens-démocrates.
En décembre 2014, le budget du gouvernement minoritaire de Stefan Löfven est retoqué, les Démocrates de Suède (parti d’extrême-droite) ayant voté avec l’opposition. Du jamais vu en Suède ! En principe, cela aurait dû ouvrir la voie à des élections anticipées. Ce n’est pas ce que feront les politiques. Pour écarter les Démocrates de Suède qui ont un rôle d’arbitre, les autres partis politiques représentés au Riksdag, à l’exception de la Gauche (ex communistes), s’entendront sur un maquignonnage de choc : peu importe le gouvernement minoritaire au pouvoir (exception faite des Démocrates de Suède s’entend), l’opposition ne déposera pas de motion de censure du budget et ce jusqu’en 2022.
En gros, peu importe la couleur politique, dormez sur vos deux oreilles, l’État veille ! Vote à droite ou à gauche, même combat ! Un déni total de démocratie, ou comme certains l’avançaient alors, une démocrature à parti unique ! Bien que cet « accord » ait immédiatement été très mal perçu au sein des formations politiques concernées, la politique politicienne faisait le reste. Bon an, mal an, et bien que rechignant, à la suédoise, les politiques se rangèrent derrière cet avatar d’accordailles sorti d’on ne sait quel chapeau.
Jusqu’à ce que le petit parti des Chrétiens- démocrates réunis en congrès récemment décide de se désolidariser de la connivence crasse qui permet à la coalition de centre-gauche de gouverner (ce pourrait être l’inverse !). Décision qui fit immédiatement boule de neige, les autres partis de l’Alliance se ralliant à la résolution des chrétiens-démos (l’augmentation musclée des impôts prévue par la coalition de centre-gauche y étant évidemment pour beaucoup).
Retour à la case départ. Que va faire le gouvernement de Stefan Löfven ? Prévoir des élections anticipées au cas où l’opposition maintiendrait son refus d’obtempérer ? La grande question pour tous les partis en présence et en cour étant de trouver une solution satisfaisante pour tous (utopiste) pour neutraliser l’extrême-droite qui croît de manière exponentielle. Les derniers sondages d’opinion les placent à un peu plus de 20 %, en passe de devenir le premier parti de Suède ! Ils sont fous, ces Suédois !