Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur engloutie…

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Le 16 mai 1916, vers quatre heures du matin, dans la Baltique, dans l’archipel d’Åland, entre les îles de Svartsklubben et d’Arholma, un bac à vapeur suédois, le Ångermanland percute dans le brouillard matinal un sous-marin russe de la classe des Som (silure) en immersion périscopique. L’équipage de 18 sous-mariniers russes ne sera jamais remonté.

 

sous-marin russe de type SomIl y a un an, une équipe de plongeurs de la société suédoise de recherches d’épaves, Ocean X, repère un submersible échoué par le fond à environ trois kilomètres des côtes suédoise, dans les eaux territoriales donc, de l’archipel d’Åland. Les chercheurs d’épaves gardent le secret de cette découverte et ce n’est que récemment qu’ils ont permis la publication d’images et de vidéos montrant ce qu’ils estiment être le sous-marin russe coulé en 1916.

Cette épave décoiffe les media. Certains même fantasmant grave ! Ils y verraient le dénouement plausible de la saga de l’incursion d’un mini submersible (russe ?) dans l’archipel de Stockholm en octobre dernier. Genre : « touché… coulé ! » Une conclusion hâtive et tordue !

S/S ÅngermanlandLe submersible coulé aurait été construit dans les chantiers navals de Vladivostok en 1904 et mis en service dans la flotte tsariste de la Baltique en 1915. C’est un sous-marin d’une longueur d’environ 22 m et d’une largeur de 3,5 m. Selon l’entreprise d’exploration sous-marine, toutes les écoutilles du bâtiment seraient fermées, ce qui indiquerait que l’équipage est resté coincé à l’intérieur. Par surcroît, on peut y lire sur la coque des caractères cyrilliques et notamment un Ѣ qui n’existe plus dans l’alphabet cyrillique après 1918. Les experts de la Marine nationale vont envoyer des plongeurs. On en saura plus dans quelques temps.

Cet épisode permet à des journalistes d’investigation de faire un point sur la neutralité suédoise de cette époque. La Marine impériale de Russie avait considérablement renforcé sa flotte dans la Baltique. Il s’agissait bien entendu de défendre leurs côtes, mais aussi de contrôler le trafic du minerai de fer entre la Suède et l’Allemagne et, à l’occasion, de couler les cargos marchands en transportant. La Suède s’est déclarée neutre… mais reste très favorable aux Allemands. Le blocus maritime du Reich imposé par la Navy et ses alliés touche de plein fouet, l’Allemagne, évidemment, mais aussi la Suède pour ses sympathies marquées avec le régime de Guillaume II.

Les Allemands procèdent au minage du détroit de l’Øresund (jusque dans les eaux suédoises) pour empêcher les navires alliés de pénétrer dans la Baltique, mais passent un accord secret avec la Suède pour lui laisser un chenal libre dans le dispositif miné pour le transport de minerai de fer. La Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Italie protestent contre cette neutralité à géométrie variable. Elles ne seront pas entendues.

Les Suédois remettront ça en 1940 en aidant les Allemands à installer des filets anti sous-marins dans le détroit de l’Øresund pour barrer la route aux submersibles anglais.

Neutres, qu’on se tue à vous dire !

 

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