Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur belliqueuse…

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La Suède, nation neutre et pacifique sur le papier, est en réalité le douzième exportateur d’armes au monde. Elle exporte 60 à 70 % de sa production de matériel de guerre dans 54 pays. En 2014 elle en a vendu pour quelque 900 millions d’euros ! Ses plus gros clients étant les États-Unis, la Norvège et la Thaïlande. Son industrie de l’armement se porte plutôt bien. Une dizaine d’entreprises fournissent le gros de la troupe du matériel militaire : chars, véhicules haute mobilité, avions de combat avec ou sans pilotes, bâtiments de combat, sous-marins, canons, missiles anti-char (au doux nom de Bill, comme le matos d’IKEA), munitions pour l’artillerie, radars aéroportés, navals, fixes ou mobiles, systèmes de guerre électronique, etc. etc. Que du matos de qualité estampillé made in Sweden. Quitte à mourir par les armes…

VHM

L’exportation de matériel militaire en Suède est en principe soumise à une règlementation extrêmement rigoureuse. Pas question d’exporter dans les zones de conflit. Pour les nébuleuses les entourant, les règles sont plus élastiques. Un certain nombre d’instances se partagent la tâche de décider ou non l’exportation d’armes. L’ISP, l’Inspection nationale des produits stratégiques, les Affaires étrangères, le ministère de la Défense et l’EKR, un groupe parlementaire chargé d’apporter ses lumières à l’ISP en matière d’exportation de matériel de guerre.

Après la chute du mur en 1989 et le retour à l’indépendance des États baltes en 1991, la Suède a désarmé. Une démilitarisation qui a occasionné de grands changements au sein de l’armée et de la société civile : abrogation du service militaire obligatoire, dissolution de régiments, problèmes économiques pour certaines villes de garnisons désarmées, etc. Le réarmement de la Russie de Poutine a réveillé tout le monde : l’état-major, les parlementaires et surtout l’industrie du matériel de guerre. Par surcroît, les sociaux-démocrates du gouvernement de Stefan Löfven sont confrontés aux Verts pacifistes de cette coalition de centre gauche (Sociaux-démocrates et Verts) aux affaires depuis septembre 2014. Leur désaccord porte justement sur les ventes de matériel de guerre à l’export. Les Verts ne veulent pas entendre parler de ventes à des dictatures ou des pays non-démocratiques, les Sociaux-démocrates, plus pragmatiques, ont recours, comme à l’accoutumé, à tout l’arsenal sémantique pour faire passer la pilule.

Tant et si bien qu’une commission parlementaire (une de plus !) a été créée pour tenter, autant se faire que peut, de déterminer une politique raisonnée en matière de conditions d’export des matériels sensibles et de guerre. Sa conclusion a été rendue il y a peu et, comme on pouvait s’y attendre, c’est dans un langage alambiqué et abscons où tout le monde y trouve son compte que le rapport a été pondu. Disons que les règlements en tout genre sur les armes, c’est une chose, mais que la vente, c’en est une autre ! Certes, on notera un certain durcissement des règlements d’armes à l’export… qui pourront être contournés quand l’intérêt de l’État l’imposera. Bref, la double morale a encore de belles heures devant elle et les arguties des uns et des autres n’ont pas fini d’alimenter le débat. Comprenne qui pourra. Ainsi, la Suède peut envoyer des soldats en Irak pour se joindre aux Américains pour former les Peshmerga kurdes contre Daesh, mais ne peut pas exporter de matériel stratégique de guerre dans la région ! Au fait, les Irakiens sont-ils solvables ?

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