Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur crâne…

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Au chapitre des restitutions de biens culturels ou d’ossements prélevés lors d’expéditions « scientifiques » suédoises au 19e siècle, les Suédois tiennent à marquer leur bonne volonté à s’exécuter et à le faire savoir. Encouragés par le Comité international de l’UNESCO à restituer ce qu’ils se sont appropriés illégalement par le passé (tous les pays occidentaux sont concernés !), les politiques suédois ont déjà permis à un totem de la tribu amérindienne Haisla de retrouver ses terres de Colombie britannique, à 15 crânes et quelques ossements d’aborigènes d’être inhumés en Australie, et puis récemment à 10 crânes originellement des Îles Marquises de renouer avec le sol natal pour y être ensevelis selon la tradition en usage en Polynésie.

Il resterait en Suède dans les différentes institutions chargées d’étudier les mœurs et coutumes des populations humaines (musée ethnographique de Stockholm, département d’anthropologie de l’université d’Uppsala, service d’ostéologie de l’Institut Karolinska) quelque 340 crânes et ossements en provenance de différentes partie du monde. Un bel ossuaire ! Qu’il va falloir restituer d’une manière ou d’une autre.

crânecodex gigas

L’ambivalence des Suédois à cet égard mérite l’attention. Restituer des objets à caractère culturel ou tout ou parties de squelettes « prélevés » au siècle dernier ou avant aux quatre coins du globe dans le but de les « étudier » ne pose aucun problème aux autorités suédoises. En revanche, rendre à César ce qui appartient à César dans le cadre de biens pris à l’ennemi au titre de butin de guerre reste totalement inenvisageable. Exemple, la fameuse Bible du Diable, le Codex Gigas, ainsi que d’autres objets précieux dérobés par le maréchal suédois Hans Christoph von Königsmark en mai 1648 en Bohême lors de la Guerre de Trente ans. La Tchéquie souhaiterait, pour des raisons évidentes, les récupérer, la Suède s’y oppose farouchement. Ce n’est pas négociable. Une restitution à deux vitesses ? Une symbolique, avec des ossements dont on se fout éperdument et qui n’ont finalement jamais servis à étayer les fumeuses idées des scientistes eugénistes tentant de prouver une quelconque supériorité de la race blanche, et l’autre mercantile pure (travers protestant), pour un enrichissement national ? Il y a confusion des genres et c’est bien ça qui gêne.

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