Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur vénale…

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Vertueux les Suédois ? Il n’y a bien qu’eux qui en sont persuadés ! Évidemment, si l’on se réfère aux instituts de sondage en la matière et notamment à l’Indice de perception de la corruption, on constate que la Suède se classe parmi les premiers pays en termes de vertu. Donc, une nation peu corruptible. Est-ce pour cela qu’il faut le prendre pour argent comptant ? Surtout pas ! La suite tend bien à prouver le contraire.

Si les politiques et le menu fretin se tiennent plus ou moins à carreau niveau vertu (les contrôles fiscaux sont rigoureux et fréquents, et la presse prête à jouer les redresseurs de torts), les grands capitaines d’industries s’estiment jouer dans une catégorie à part. Ils ont des devoirs, qu’ils remplissent plus ou moins, mais surtout des droits qu’ils s’abrogent sans compter. Ils surfent hypocritement sur la bonne image du Svensson vertueux. Ainsi, le président du conseil d’administration de la société d’investissement Industrivärden, Sverker Martin-Löf, s’est fait prendre les doigts dans le pot de confiture. Il a confondu son portefeuille avec celui de « son » entreprise. Et il est loin d’être le seul. Les pratiques de ce genre sont monnaie courante dans les hautes sphères des directions de banques et de l’industrie. Et qu’a-t-il fait de si répréhensible ? Il a, entre autres, utilisé un nombre incalculable de fois l’un des trois Falcon100 d’une des entreprises du Groupe d’investissements (SCA, Svenska Cellulosa Akiebolaget, leader mondial de produits d’hygiène et de pâte à papier, propriétaire de 2,6 millions d’hectares de forêts) à des fins personnelles : pour se rendre régulièrement dans un pavillon de chasse dans le centre de la Suède, propriété entourée de quelque 35 000 hectares de forêt pour chasser (une maison de maître en réalité) qu’il a de facto fait sien ; il a fait transporter ses chiens en hélicoptère ; même l’alcool était aéroporté ! Ses enfants et petits-enfants ainsi que ses potes de chasse, pontes de la finance et de l’industrie, étaient très souvent sur la liste des passagers. Le jet servait à sa femme pour aller faire des emplettes. Des cuistots de renommée mondiale étaient acheminés des quatre coins du monde par les Falcon100 pour faire la soupe à ces nababs. On dit même qu’on avait dépêché le jet récupérer un portefeuille qu’un invité avait oublié ! Pourquoi se gêner ? Et ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg ! Bref, ce n’est pas la morale qui l’étouffe, la cupidité a encore de beaux jours devant elle…

Première réaction du « seigneur des rouleaux de PQ » après les révélations publiées dans le quotidien suédois Svenska Dagbladet : « Mêlez-vous de ce qui vous regarde. Tous mes voyages sont justifiés. Circulez, il n’y a rien à voir ! ». Une semaine plus tard, il démissionnait. On se demande bien pourquoi si tout est en règle comme il l’affirme ?!?

Ce Sverker Martin-Löf n’est pas un perdreau de l’année. Directeur général en 1986, puis PDG puis président du conseil d’administration de SCA, poste qu’il occupe toujours, il est aussi depuis 1996, président du conseil d’administration d’Industrivärden,et également administrateur de grandes entreprises comme Ericsson, Handelsbanken, SSAB et Skanka pour ne nommer que celles-là, où il touche de juteux jetons de présence. Émoluments : plusieurs dizaines de millions par an. Apologie de l’hypocrisie ! Plus vénal…

C’est qu’il faut en vendre du PQ pour payer tout ça ! Un Falcon100, c’est environ 5 500 euros l’heure de vol… et combien pour un rouleau de PQ ?

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