Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur temporairement renobélisée…

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L’Académie suédoise ayant décidé de ne pas attribuer de prix Nobel en 2018, et la nature ayant horreur du vide, une centaine de personnalités de la sphère culturelle suédoise ont décidé de créer une « Nouvelle Académie » qui remettra un prix Nobel alternatif aux mêmes dates (annonce du lauréat.e le 14 octobre et remise du prix le 10 décembre). Cette institution fantôme s’auto-dissoudra après la cérémonie de décembre.

made in #metoo

Il faut réellement y tenir pour porter un tel projet destiné essentiellement à pérenniser le Nobel ! C’est vrai que la Suède amputée de son produit d’appel, le prix Nobel de littérature, ne donne plus tout à fait la même image du royaume. Prise dans les dégâts collatéraux du tourbillon dévastateur du mouvement #metoo, l’Académie suédoise va devoir ramer pour retrouver son statut d’antan. Les ennuis ont commencé lorsque la presse suédoise dénonce les exactions du mari de l’Immortelle du fauteuil numéro 18 de l’Académie suédoise des belles lettres. 18 femmes l’accusent de les avoir, dans le désordre, harceler, violer, agresser sexuellement… Il s’agit d’un Français qui vit depuis plus de 40 ans en Suède. Une figure de ce qui veut se faire passer pour le microcosme pseudo-intello de la capitale suédoise. L’accusé nie, mais la presse ne le lâchera plus. La justice non plus. Il sera jugé pour viol les 19, 20 et 24 septembre prochains à Stockholm.

De fil en aiguille, les media s’intéressent à l’Académie et aux liens que J.C. A entretenait avec elle (le Nobel et la bête !). On découvre alors que l’institution lui versait des subsides pour animer son cercle cultureux. Passe encore que l’Académie fasse ce qu’elle veut de son argent, le souci, en l’occurrence, c’est que l’académicienne Katarina Frostenson, femme du Französisch, possédait la moitié des parts du cercle qu’animait son mari. Et là, on tombe dans le favoritisme, totalement en inéquation avec les fondamentaux de l’académie ! Tout de suite les gros mots ! Face aux accusations et à la pression des media, l’académicienne finit par se mettre en congé de l’Académie (mais sans démissionner. Primo, on ne démissionne pas de la noble institution, n’est-on pas immortel ? Deuxio, abandonner quelque 70 000 € par an d’émoluments généreusement offerts par l’Académie, l’ADN mercantile des luthériens les en empêcherait !). Dans l’intervalle, la secrétaire perpétuelle se retire elle aussi, accompagnée en cela par quelques membres éminents de l’institution…

La belle façade d’apparat se lézarde… le Suédois lambda commence à demander des comptes… la maison n’est plus tenue ! Le Roi, protecteur de la fondation, est tenu de s’extirper de son devoir de réserve pour proposer un changement des statuts (il sera notamment désormais possible de démissionner, exit de l’immortalité !). Harcelés de toutes parts, les sages décident finalement que l’institution ne décernera pas de prix Nobel de littérature en 2018, mais, qu’en revanche, elle en attribuera deux en 2019 (boutiquiers, qu’on se tue à vous dire !).

D’où l’initiative de certaines personnalités suédoises pour perpétuer le Nobel. La marche suivie : toutes les bibliothèques de Suède ont été mises à contribution pour fournir des candidats de tous les pays du monde. Les écrivains doivent avoir commis au moins deux livres dont un publié au cours de la dernière décennie. 47 auteurs ont été sélectionnés (voir la sélection sur le site https://www.dennyaakademien.com/).

Tout un chacun peut voter sur le site de l’événement pour trois candidats de son choix (entre le 10 juillet et le 14 août), le quatrième sera sélectionné par des bibliothécaires suédois. Le jury de la Nouvelle académie tranchera en dernier ressort. La parité, juré promis, sera respectée…

Et pourquoi ne pas institutionnaliser cette méthode ? La démocratie serait ainsi respectée et l’élitisme, qui prévaut encore et toujours, définitivement écarté ! Une des conséquences de #metto pour le moins inattendue !

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