Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur droitière… à l’extrême

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La Suède n’est définitivement plus une exception. Comme dans pratiquement tous les autres pays européens, la droite extrême y a fait sa percée et réussit à imposer ses délires. Non représentée au Riksdag, le Parlement suédois, il y a encore 8 ans, la formation des Démocrates de Suède cartonne à deux mois des élections générales de septembre prochain à plus de 18 % d’intentions de vote ! Qu’est-ce qui s’est passé ? À la benne le modèle ?

Le paradoxe, c’est que d’un point de vue économique, tous les indicateurs clignotent au vert, le royaume se porte plutôt bien : le chômage s’est tassé à 6,6 %, le taux de croissance affiche 2,6 %, le budget est excédentaire, la dette publique diminue, que du bonheur pour la ministre social-démocrate des Finances ! Alors, quoi ?

Le gros mécontentement vient en réalité de l’immigration. En 5 ans, la Suède a accueilli quelque 350 000 demandeurs d’asile, et ça… ça ne passe plus ! Les Suédois ne sont pas des contestataires nés. Ils sont plutôt bonne-pâte, sans trop d’état d’âme et font en général confiance aux politiques qu’ils élisent. Sauf que, depuis une dizaine d’années, leurs habitudes électoralistes ont évolué. Pragmatiques, ils sont rarement foncièrement de droite ou de gauche. Ils savent cependant faire bouger les lignes. La perméabilité des classes favorisant le flou de leurs incertitudes et attitudes.

La dédiabolisation du parti populiste opérée par le chef de file des Démocrates de Suède (SD), Jimmie Åkesson, depuis quelques années, semble avoir porté ses fruits.

Que montre-t-il avec ses doigts ?

Force est de constater qu’il a glané des voix tant chez les conservateurs qu’au sein de la social-démocratie. Sa formation est-elle prête pour autant à gouverner ? Ce serait aller trop vite en besogne, mais elle pourrait avoir un rôle d’arbitre qui, aux dires de ses leaders, leur suffirait. Ce sont surtout et pratiquement essentiellement les questions liées à l’accueil des réfugiés qui les interpellent et, à l’instar de pays comme la Hongrie, l’Autriche et désormais l’Italie, ils forcent le trait en toute impunité en ne donnant pas franchement dans la dentelle, prônant notamment une expulsion pure et simple des migrants, voire quelques aménagements pour une éventuelle intégration des plus « suédisés ». Pour ce parti, « les Musulmans sont la plus grande menace pour la Suède ! ». L’amalgame ne leur fait pas peur…  En revanche, sur les questions sociétales à caractère politique, ils louvoient, en bons petits populistes dont ils revendiquent les « chimères». On assiste incrédule à l’avènement d’une extrême-droite totalement décomplexée. Et s’ils devenaient le deuxième parti de Suède ?!? On n’ose imaginer la suite…

Et pour alimenter le débat et l’instrumentaliser un peu plus, le conseil municipal d’une ville suédoise vient d’autoriser que l’appel à la prière du vendredi pour les musulmans soit retransmis par haut-parleur. L’écho ne s’est pas fait attendre ! Cloches et carillons des églises et autre temples ont sonné à toute volée… pas le tocsin, mais peu s’en est fallu !

« Nuisance sonore intolérable » ont braillé les opposants. En réalité, le débat tourne autour de la place grandissante de l’islam en Suède, l’appel du muezzin étant ni plus ni moins qu’un prétexte. N’empêche, ce type de décision fait les choux gras des thèses des Démocrates de Suède. Et dans le secret de l’isoloir, le Suédois lambda, osera leur donner une voix, persuadé que, s’ils gagnent ainsi du terrain, c’est qu’il y a sans doute une raison ! N’y a-t-il pas de fumée sans feu !?! Rendez-vous est pris début septembre pour les élections générales. Y verra-t-on plus clair pour autant ?

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