Ah ! Le modèle suédois ! Eh bien parlons-en de ce fameux modèle des modèles… Un pan d’icelui vient de se prendre les pieds dans le tapis et le gouvernement suédois fait le dos rond… Que peut-il faire d’autre ? Retour sur une bourde de chez bourde…

À la fin des années 1980, la Suède traverse une crise économique qui plombe gravement son modèle, ses comptes et son image. Des mesures drastiques, préconisées notamment par le Fonds monétaire international, sont alors mises en place pour enrayer la débâcle. Les banques sont momentanément nationalisées, tout le service public est réajusté au riflard, la Suède (penaude) rejoindra l’Union européenne en 1995. Cette période de sabrage et de vaches maigres sera suivie d’une période de haute conjoncture économique mondiale dont la Suède profitera largement au-delà de ce qu’elle s’était permis d’espérer. Le modèle roule sur de nouveaux rails parfaitement poncés. Pour dégraisser le service public, les politiques d’alors (Sociaux-démocrates) procèdent à la hussarde à un désossage en règle. L’État se désengage en sous-traitant pratiquement tout le service public. Aux communes et aux régions de s’occuper des soins, de la santé, des hôpitaux, de l’accueil des migrants, de l’école, etc… Les bureaux de postes sont fermées, aux supermarchés et supérettes de s’occuper des colis… Des agences sont créées en lieu des anciens ministères, les fonctionnaires sont réduits à la portion congrue… L’État se retrouve dans les clous des 3 % de Bruxelles, la Suède est un excellent élève, il ne reste plus qu’à exporter le nouveau modèle made in Suède…

Jusqu’à ce que ça coince ! Et là, ça vient de se gripper sec ! À force de déléguer, de sous-traiter, d’externaliser, de faire faire par d’autres, vient un moment où une boulette qu’on aurait évité en s’y mettant soi-même devient un boulet qui peut vous entraîner très vite par le fond. Pour faire court, en 2015, et probablement avant aussi, « l’agence » des Transports voulant faire des économies décide d’externaliser la maintenance de ses données informatiques et des services s’y rattachant. IBM décroche le contrat, du moins deux de ses filiales, une en République tchèque, l’autre en Serbie. Et les fichiers de s’envoler vers les cloud computing…

Image d’autant plus nébuleuse qu’il n’y a pas plus de nuage que de beurre en broche, mais bien un transfert de données d’un ordinateur vers un autre.

Mais qu’y avait-il donc en réalité dans ces fichiers ? Beaucoup de confidentiel en tout cas : l’identité en clair des agents de renseignements sur le territoire ou à l’étranger, les casiers judiciaires des Suédois, tous les détenteurs de permis de conduire en Suède, les échanges intranet entre les différentes agences du royaume, une liste secrète d’individus soupçonnés de pouvoir commettre des crimes, des renseignement sensibles sur les infrastructures du royaume, des informations sur l’armée et ce qui la compose, etc., etc. Bref, l’état des lieux et les clés de la maison Suède. À la limite, on pourrait avancer sans se fourvoyer que la sûreté de l’État est réellement menacée. Dans tous les cas de figure, une aubaine que ce Curriculum Vitae de la Suède pour un pays comme la Russie qui, depuis belle lurette, a copieusement infiltré des pays « amis » comme la Serbie ou la République tchèque. Il n’y a qu’à se baisser pour ramasser ! On dit merci à qui ?

Et tout ça, pour faire des économies de bouts de chandelle. L’opposition (loin d’être rassemblée) a déposé une motion de censure contre les ministres concernés (y aura-t-il un vote de défiance contre le premier d’entre eux ?) et fait bien entendu monter la mayonnaise. Une occasion en or de politiser une grosse erreur de jugement pour semer la zizanie. Aux dernières nouvelles, on se dirigerait vers un remaniement ministériel… À savoir si ça va suffire… c’est pas donné vu les nuages qui s’amoncellent ?