Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur manu militari…

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Assisterait-on à un retour de la guerre froide en Suède ? Les politiques, de gauche comme de droite, s’y emploient consciencieusement et avec une insistance certaine. L’« ours » russe a, de tous temps, été l’ennemi à abattre. À la chute de l’empire soviétique, en 1991, la Suède en prend acte en marquant une pause dans son ressentiment. Le royaume désarme. Exit de la conscription, fermeture de casernes, réductions marquées des budgets militaires… désescalade totale salutaire… et risettes à Moscou.

Il en va tout autrement au jour d’aujourd’hui. La Suède réarme. Nouveaux budgets de défense conséquemment à la hausse, rétablissement du service militaire, réouverture de casernes… le royaume est pratiquement sur le pied de guerre ! Où sont passés les pseudo-pacifistes ? La Russie remilitarisant, la Suède s’estime ne pouvant être en reste… rictus à Moscou.

On se croirait revenu à l’époque où tout ce qui était soviétique ne méritait que mépris et suspicion. Pas que la Russie de Poutine soit exempte de hauts faits belliqueux (Crimée, Ukraine, Syrie) et d’intentions agressives, mais de là à envisager la Suède envahie et sous le joug russe, il y a de la marge… Pour étayer leur inquiétude et justifier ainsi leur réarmement, les Suédois évoquent les Pays baltes dont la Russie, selon certains va-t’en guerre, voudrait en retrouver la jouissance. Les États satellites ayant retrouvé leur indépendance après la dislocation de l’URSS, et notamment les États baltes, il serait surprenant qu’ils veuillent réintégrer le giron du Kremlin. Un peu de propagande alarmiste et une remilitarisation manu militari sont, pour les thuriféraires du petit doigt sur la couture du futal, une nécessité souhaitable et donc incontournable.

Baisse la tête !

Baisse la tête !

Retour du Pioupiou Svensson un tantinet désuet en vélo l’été et à skis l’hiver !

Ski va là ?

Ski va là ?

Les Suédois sont tellement remontés contre les Popov qu’ils ne veulent pas leur accorder le droit de louer de manière temporaire un emplacement dans un port de l’île de Gotland pour y mener les travaux d’un deuxième gazoduc dans la Baltique. Gazprom, entreprise russe d’extraction et de transport de gaz naturel, est en passe de réaliser Nord Stream 2 pour alimenter en gaz, entre autres, l’Allemagne (il doit y avoir une manière moins directe de s’exprimer à ce propos !). Les militaires suédois ne veulent pas en entendre parler. Le gazoduc passe en effet à moins de 50 km des côtes suédoises. Les communes concernées par le projet de pose du gazoduc russe voyaient bien évidemment l’intérêt financier de l’opération. La raison d’État en veut autrement. Pas de Russes dans les ports suédois. Le gouvernement dans sa grande largesse leur a promis des compensations… autant dire : cause toujours ! Les promesses n’engagent-elles pas que ceux qui y croient !

Les Suédois ne s’illusionnent pas, ils savent parfaitement qu’ils ne font pas le poids face à la Russie. D’où leur coopération de tous temps avec l’OTAN et leurs circonvolutions ondulatoires marquées de rapprochement ces dernières décennies. Ils craignent plus un contrôle hégémonique de la mer Baltique par les Russes… et donc de facto une nouvelle annexion des États baltes.

Il va sans doute falloir retordre le cou à la neutralité et retrouver une énième formulation alambiquée qui fera comprendre au monde que la Suède est neutre sans l’être tout en l’étant… des neutres alités à géométrie variable !

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